Mike nous raconte ses 55 km (enfin presque) du trail du bout du monde, le11 juillet 2010.
En début d'année, je me décides pour retenter l'aventure du 100 bornes de Bain fin septembre. Pour cela, j'essaie de trouver une belle épreuve pour fin juin-fin juillet pour pouvoir me tester dans ma préparation et tester mon matèriel de course et des aliments. Aucune épreuve d'intéressante sur route (un marathon aurait fait l'affaire). Il reste le trail. Pas grand chose non plus si ce n'est le trail du bout du monde. Bien que venant un peu vite dans ma prépa, j'ai le choix entre le 35 et le 55 (1ère édition) dans une région que je ne connais pas.
Je choisis la dernière distance pour dépasser les 3h30 de course et parce que je suis gourmand.
Pas beaucoup d'info sur le profil du parcours. Je m'inscris début avril (complet en moins d'un mois, 411 inscrits).
Les quelques renseignements que j'aurai ensuite sur le 35 km me font penser que cette épreuve est assez difficile (chronos 2009 très faible, courir sur le sable, beaucoup de marches à monter...).
J'arrive en famille le lundi 05 juillet au camping du Goulet (à 5 mn en voiture du départ). Très sympa ce camping, tout près de Brest, avec piscine, mobil home... (Voilà pour la pub, ça plaira à notre anti-camping Loïc Fustec).
Arrive le jour J-1. Le camping est pris d'assaut par les trailleurs. Très bonne ambiance, même s'ils décident de se raconter leurs recettes du parfait trailleur et m'empêche de m'endormir.
Jour J : Je m'en vais à la pointe St Mathieu (lieu d'arrivée de la course) mettre ma voiture et je prends la navette gratuite pour Plouzané. Il est 6h30, le jour à peine levé, à peine réveillé, j'en oublie mon polar et mon foulard de trailleur dans mon coffre (tête en l'air). J'ai l'essentiel, mon sac camel bag chargé d'eau, de céréales, de complément alimentaire, de gâteaux apéros salés, un tee shirt de rechange (je cours en débardeur pour faire joli, mais mon sac testé lors d'une dernière sortie longue semble me couper dans le dos) et ma casquette (on a eu très chaud toute la semaine, pas de vent. Et oui ! Même à Brest).
Départ : Au milieu du vélodrome de Plouzané, avec des St-Gillois qui se préparent pour la diagonale des fous, dont une féminine (du niveau de Delphine, donc proche de mon allure) qui m'aidera à prendre la bonne allure (les féminines sont toujours plus raisonnable que les hommes). Le speaker donne quelques infos dénivelé du parcours 2000m (cumulé ? Le vainqueur parlera de 1050m en positif.), comparable à celui de Guerlédan. Difficulté, dit-il : au 35e, on passe près de la ligne d'arrivée pour faire une boucle de 20 km. La tentation d'arrêter sera grande, conclut-il.
C'est parti. Petit rythme sympatique, décor très vert (forêt), parcours un peu bosselé, temps nuageux mais le soleil apparait. Très agréable. Ce sera comme ça jusqu'au 8-9e km, presque sans route (durée : presque 1h).
On arrive ensuite sur le bord de mer (qu'on ne lachera plus jusqu'à la fin) à l'anse de Portzic. Cela commence par un long escalier puis le sentier cotier, jamais plat, avec souvent des passages de grandes marches dans les descentes (on fait 2 pas entre chaque marche, ça use). Ca ressemble aux chemins de la pointe du Grouin ou Fort la Latte-Erquy, pour ceux qui connaissent. On a comme décor la mer d'un bon bleu et en face la presqu'ile de Crozon (je crois).
La température à l'ombre n'est pas très forte (24° annoncé) mais le soleil tape très fort. Bien que marchant souvent dès les premières montées, courant dans les descentes, à une allure très raisonnable, il faudra que je me méfie de la chaleur et de ce parcours sans répit, très exigeant avec sans arrêt des relances marche/course.
Passage très amusant au phare de la pointe du "petit-minou", dont on fait le tour, au son de la musique proposée, comme une farandole. Décor superbe.
Direction "Trégana" et "l'anse de Bertheaume" : le parcours commence à faire son effet. Les visages autour de moi annoncent de la fatigue (à peine 20 km de fait pourtant), tout le monde à chaud avec se soleil qui brule la peau. Les premières chutes arrivent (j'ai vu un coureur tomber 3 fois jusqu'à l'arrivée). Pour ma part, j'ai le droit à ma chute (LEVE LES PIEDS ! Ma foulée rasante de coureur sur route me fait défaut...), la cause forcément à un caillou en plein milieu du chemin (qui l'a mis là ?), aucun dommage méchant. Cependant, les cuisses fatiguent beaucoup, les articulations (genou) également. Aussi vite dans la course, je ne m'y attendais pas.
Petit passage sur la route et chemin cendré, qui me fait du bien malgré que ce soit toujours en montée-descente. L'asphalte me redonne de l'énergie.
Arrivée à la plage du "trez-hir" (point de départ du 15 km), ou l'on court sur le sable mouillé et dur par la marée descendante.
Instant magique où l'on se fait un passage entre des rochers et où l'on apercoit le premier ravito, vers le 25e km (un peu plus de 2h40 de course). Je prends mon temps : coca, eau, tucs salés, chocolat (gourmandise). Je met mon tee-shirt (petites plaies sur le dos, tant pis pour les photos !), épingle mon dossard (voilà pourquoi les trailleurs le mette sur leur collant ou sur une ceinture !), discute un peu, et je repars.
Direction pointe de "Creac'h-Meur", belle vue sur la mer dégagée de tout morceaux de terre, chemin très serpentés, toujours de grosses côtes (jamais très longues) et grosses descentes avec quelques marches pour fatiguer un peu plus les articulations. Compt-tenu des km qu'il me reste à faire (un peu moins de la moitié), il va falloir prendre une décision d'ici le 35e. La moyenne horaire chute, repartir en courant au sommet des côtes demande une bonne dose d'énergie.
La pointe passée (elle me parut longue), direction la pointe St Mathieu que l'on ne tarde pas à apercevoir (cependant, comme dit Rousseau, c'est au pied...). C'est un endroit magnifique d'un phare et d'une ancienne abbaye, donnant face aux iles de Quéménès, plus loin Molène et au fond Ouessant (j'ai visionné sur la carte pour pas dire de bêtises).
Point de vue de la course, pour diverses raisons, je décide d'arrêter là, décision sage je pense (il me faudrait du temps pour récupérer d'un tel effort, si seulement j'avais réussi à finir). Pour le reste du parcours, on va jusqu'au Conquet magnifique port de pêche, et la pointe de Kermorvan et on revient à la pointe St Mathieu.
Bilan : Abandon au bout de 35 km (4h21mn02s). C'est pas flatteur, mais je n'étais pas prêt à m'engager sur 7h30 de course (temps estimé si j'avais réussi à continuer sur ma faible allure). Je n'ai pas été assez modeste dans la distance choisie (j'aurais du écouter Hervé) et prendre le 35 km. Mais j'ai voulu vous raconter ce trail car IL FAUT QUE VOUS LE FASSIEZ ! (distance 15, 35 et 55 km) Dur mais super paysage, ambiance géniale et organisation très pro.
MIKE (désolé pour la longueur du récit, mais ca a duré 4h20, quand meme).
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Fabienne (mercredi, 28 juillet 2010 23:36)
J'ai tout lu, ça ne semblait pas si long...ton récit bien entendu! Dommage que tu n'es pas pu aller plus loin, mais ça paraissait dur oui. Je l'ai vécu comme si j'y étais, le mal de jambes en moins! Ca donne envie, je note la date, pour le 15km.
Alex (vendredi, 06 août 2010 21:30)
Bon compte rendu lu comme un agréable cours de géographie.
Merci. Bon courage dans la préparation de Bain (pas du bain).
alex